mercredi 25 juillet 2012

Belgique


BELGIQUE

15 au 18 juillet 2012


Eynaten - Lequerlinnes

Eynaten, capitale des effluves oléagineuses, saturées à la fécule de pomme de terre nous accueille comme une mère, chez l’Arsène la frite est plus longue qu’une journée de solstice et bien plus craquante que la petite Fanette. Elle nous indique la route à suivre pour aller jusqu’à Liège et afin d’éviter les bouchons nous sussure : suivez Ravel* ! … c’est son beau héros à elle ! 





La Meuse est là, ravie de nous accueillir sur son chemin de halage et n’en fait guère plus que les péniches qui la naviguent et ho combien, il y en a ici. Les maisons sont de brique, ne sont pas à vendre mais à acheter, forment des villages aux noms dadaïstes, Rotheux et Godinne, Belgrade et Verlaine, pas beaucoup plus loin les pompes funèbres nous promettent des « funérailles complètes et de la crémation partout » alors on trace direction Bas-Oha, dernier lieu pour les voyageurs humides où l’on nous met à sécher dans l’emplacement de passage, largesse du patron qui lui aussi jadis connu la petite reine et ne l’a pas  reniée. Et on a voulu voir Namur et on a vu Namur qui laisse tomber la Meuse et lui préfère la Sambre, comme toujours… Dans ses méandres ils sont nombreux à matin, à taquiner le sandre et la chopine, en retrait la patronne s’escrime à la dentelle aux fuseaux en attendant midi, pas Godot. Un défilé de kiosques qui osent encore jouer pour deux ou trois sourds muets, un  air un peu ringard, Sambre et Meuse, nous imposent des pauses, bravo ! Charleroi, on s’y perd dans la zone, sur ses quais l’acier grince, laminé, bobiné chargé et ça dure très longtemps, il est tard, les quais sont en feu, le soleil se couche… Déjà là-bas un clair de lune se lève, au loin on aperçoit Maubeuge.

*Contraction randonnée à vélo













samedi 14 juillet 2012

Allemagne


Allemagne

24 juin au 15 juillet 2012



Bad Schandau - Berlin - Bonn - Lichten Busch

Chacun ici bas possède son sosie et même parfois plusieurs, comme Suzie et Sophie qui sont pourtant uniques. Voyager à vélo permet de les croiser et de les reconnaitre, comme J à Dresden plus vrai que le vrai et puis D à Berlin photocopie de l’autre, JL à Koblenz jumeau du précédent, V à Erfurt, reflet de l’original. Leur façon appuyée de ne pas nous reconnaitre, voire de nous ignorer, nous met la puce à l’oreille, rester discret, ne pas s’immiscer, un signe, un salut, il m’a reconnu … il connait mon sosie ! Chacun a besoin d’être un ailleurs. Plus anonymes encore sont les nuages qui se ressemblent tous, certains plus que d’autres quand ils lâchent la bonde et ne tarissent plus pendant des jours entiers. Nous, l’eau on la préfère, plutôt en bouteille, dans le lit d’une rivière, sous forme de glaçon « dedans le pastaga », en vapeur au sauna, plutôt qu’au dessus de nos têtes. C’est une croisière aquatique et nos roues sont des bouées, au bout de nos chaines …une ancre et sur certains sentiers on rame, c’est vraiment la galère! Que vois tu venir sœur « météo à sept jours» ?










Pourtant entre les gouttes, magie du paysage, il y a toujours à voir, à Heimboldhausen, d’immenses volcans de sel dont le vent charrie les cristaux et se mélangent à l’air humide au dessus des champs de blé, nous offre cette odeur de pain chaud, aussi à Ulrischstein, ces colonnes romaines perdues dans les collines vertes dont Vulcain se sert encore et qui fument et qui fument.








A Berlin on y entre par le chemin des rois à travers la forêt jusqu’au cœur de la ville, d’un coup on en devient les rois, ceux de la bicyclette et on est des milliers à être des rois, alors on va jusqu’au philarmonique pour écouter Uta, notre reine de cœur et de la tarte aux fraises, du coté de chez Charlie pour y faire le point mais on y reste pas, voir l’East side gallery sur les bords de la Spree et le musée du mur sur Bernauer Strasse qui nous retient longtemps et nous voit revenir. Tragiques et incroyables histoires de tous ces gens qui nous rappellent que des murs comme celui là encore, partout se construisent. Et puis d’un p’tit coup de Rhein on se hisse, hisse et eau de Koblenz jusqu’à Bonn retrouver Bettina, Jürgen et l’ami Paul, non pas celui là mais un beaucoup plus petit qui du haut de ses deux ans et trois mois avec sa joie de vivre est comme un p’tit soleil, celui qui nous manquait.











dimanche 1 juillet 2012

République Tchèque


République Tchèque

13 au 24 juin 2012


Lanzhot - Décin

Si le christ s’est arrêté à Eboli, à Hrusovany nad Jevsovkou, le temps l’a imité. Les voyageurs l’ont bien compris et mettent à profit cette aubaine pour ne plus jamais le perdre. Seule s’écoule la Jevisovka dans laquelle pèche Abel Contrario, voyageur retraité, conteur kilométrique, éternel émigré qui a planté ses gaules sur le bord d’une rivière et contre trois ablettes écoute ton histoire qui viendra engrosser le flot de son imaginaire. Il t’offre en plus gratis le récit du précédent passant et la mission active de le faire voyager, c’est passe à ton voisin d’une certaine façon. Respirer ici est devenu vital tant le souffle est coupé par la beauté des lieux et c’est là solitaire qu’Abel vit sa belle vie, entouré de chevaux. La nature par ici, c’est Vénus callipyge mâtinée d’Aphrodite se vautrant dans les bois et les champs de pavots, il en est l’homme orchestre, paroles et puis musique et bla bla bla bla bla, alléluia brother! En guise d’au revoir nous dit que nous serons bientôt des souvenirs lointains, c’est la géographie, puis de lointains souvenirs, ça deviendra l’histoire, cerise sur le gâteau nous cite notre pote Paul: «Voyager, c’est être infidèle. Soyez le sans remord; oubliez vos amis avec des inconnus!».










Et plus loin voici Prague, facile à dénicher et vraiment très aimable. Visite éclair chez Franz qui a beaucoup changé et puis aussi à Jan qui nous rappelle que les printemps en 1969 ou bien plus tard, commencent souvent de la même façon, Petr, Eva, Krystof, des hôtes à la hauteur qui ont le goût des autres et nous emmènent là où on ne va jamais. Au milieu coule la Vltava et l’on devine déjà que c’est une route possible vers le nord, l’Elbe à Melnik nous attendrait dit on et nos envies précèdent bien souvent le voyage. Dialoguer à vélo est parfois périlleux et le souffle éolien arrive à nous brouiller l'écoute mais quand le vent s'annule ça peut donner ceci: "J'aimerai mourir bilingue, est ce que tu peux m'aider ? T'aider à mourir ? Non à devenir bilingue! ... ... Tu feras une belle centenaire!"